Ce soir-là, Liz ne travaillait pas. Enfin, théoriquement parlant. La jeune femme devait patrouiller. Pieu à la main, elle arpentait les rues de Boston depuis un bon bout de temps, sans rien à empaler. La jolie brune s'arrêta tout près d'une boîte de nuit. Un endroit parfait pour les prédateurs nocturnes aux longues canines. Elle entendit quelques pas furtifs, et eût à peine le temps de se cacher pour observer la scène, impuissante: un vampire saignait une pauvre jeune femme innocente. Liz reconnut rapidement le buveur de sang. Elle avait bien tenté de le tuer à maintes reprises, mais leurs batailles se terminaient à chaque fois sur une fuite, une aide venue du ciel. La tueuse put entendre le sang couler dans la gorge de l'agresseur, ce qui ne fit que renforcer son dégoût profond pour les créatures vampiriques. Quand le vampire eût terminé son repas, Liz fit quelques pas, et posa ses mains sur ses hanches. La victime tomba au sol, tandis que son assassin se retournait. « Les ruelles sont dangereuses, surtout pour une jeune femme seule. Je te raccompagne peut-être ? » dit-il, un sourire insolent sur les lèvres. « Aussi étonnant que cela puisse paraitre, fit Liz, j'ai bien trop peur de finir comme ta charmante amie pour accepter cette proposition. »
La jeune Tueuse esquissa un sourire. Alec. Du moins, est-ce ce qu'elle avait cru entendre lors de l'une de leurs confrontations. Elle avait déjà hâte d'enfoncer son pieu en bois dans sa poitrine.

Liz était prête à passer en mode "tueuse", toutes griffes dehors. Ce qui ne semblait pas vraiment le cas de son adversaire. Comme chaque fois qu'ils se rencontraient, ils échangeaient quelques répliques bien senties avant de commencer à s’entre-tuer. A chaque combat, l'un des deux était toujours avantagé ou affaibli. Liz aurait adoré pouvoir connaître l'endroit où le vampire reposait, s'y rendre, et le jeter dehors en pleine journée, rien que pour le voir brûler. Elle savait malheureusement qu'elle n'était pas éternelle, et qu'Alec trouverait bien un moyen de planter ses crocs dans sa chair, un jour ou l'autre. Elle frissonna à cette idée. Savoir que ce ne serait pas aujourd'hui qu'elle trouverait la mort la réjouissait. La jolie Tueuse sentait le regard froid d'Alec se promenait sur ses formes, comme s'il contemplait le dessert à la fin du repas. Sauf que ce ne serait pas aussi facile pour le vampire de passer directement à la fin du repas, et Liz ne le laisserait pas entrevoir une infime parcelle de sa gorge. Liz observa Alec, le regard fébrile, craignant à tout instant que le vampire ne décide de l'attaquer. S'il avait été humain, certes elle lui aurait trouvé une allure attirante, mais sa condition changeait totalement la vision qu'elle avait de lui. Il fit un pas vers elle, et d'instinct, Liz brandit son pieu afin de se défendre contre le moindre geste de sa part. Insolent, il avançait comme si de rien n'était, les mains dans les poches, totalement décontracté. « C’est dommage. Tu sais, je suis sûr de ne pas l’avoir déçue. Et en bon gentleman que je suis, je ferais en sorte de ne pas te décevoir non plus. » dit-il. Liz sourit. « Oh, ne t'inquiète pas, ce n'est pas moi qui serait déçue...» répliqua la jeune fille en s'avançant vers le vampire. « Par contre, tu seras vraiment touché quand j'en aurai fini avec toi et que tu ne seras plus qu'un souvenir. » Elle lui balança un coup de pied en plein ventre. Enfin, le combat commençait.

La danse débutait, enfin. Enfin, Liz pourrait achever ce maudit vampire et rendre le monde un peu plus sain. L'espoir fait vivre. Elle venait à peine d'envoyer Alec valser quelques mètres plus loin qu'il se relevait sans peine et sans douleur, et se lançait lui aussi dans le jeu. Il la contourna avec vitesse, trop rapidement pour que la Tueuse puisse riposter, et la ceintura avec force pour l'empêcher de faire un geste. Liz se débattit avec force, telle une furie. Elle lançait la tête en arrière, tentait de glisser hors de son étreinte mortelle, si bien que le vampire ne la garda pas plus qu'une dizaine de secondes tout au plus. Tant mieux, Liz préférait se retrouver face à son adversaire que d'être immobile à attendre une mort lente et certaine. Alors qu'elle s'apprêtait à contre-attaquer, fonçant dans le tas, Alec l'attrapa par les bras dans son élan et la poussa au mur, si violemment qu'elle eût l'impression de voler deux secondes et demies avant de s'écraser contre une benne à ordure, une coupure au front. Ca allait lui donner encore plus envie de se faire le dessert, au petit vampire. Elle était mal. Liz leva la tête vers son agresseur, qui l'avait regardée voltiger comme un oiseau qui s'écrase contre une vitre. Il était fier, arrogant, comme s'il avait déjà gagné. « C’est tout ? Oh je suis sur que tu peux faire mieux que ça !». disait-il. La Tueuse se leva douloureusement. Déjà elle commençait à aller mieux. L'avantage quand on est une Tueuse, ce qui doit sans doute être le cas de milliards de jeunes filles de nos jours, c'est qu'on a une guérison quasi-surnaturelle. Liz sentait la rage au plus profond d'elle, remonter à la surface. Elle rugit de colère et fonça vers Alec, le cognant de ses poings et pieds. Elle tentait de garder l'avantage, mais il y a toujours un moment où vous rencontrez un vampire un peu plus fort, et que vous essayez de ne pas perdre pieds. C'était comme ça, avec Alec. Chaque fois, ils se battaient pour rester le plus fort, le plus avantageux possible. Liz s'arrêta de cogner Alec, pour passer aux choses sérieuses. « Oh, crois-moi, ce n'est qu'un échauffement ! » dit la jeune fille. Elle s'apprêta à dégainer son pieu avant de se rendre compte qu'il était tombé près de la benne à ordures contre laquelle elle s'était royalement écrasée. Quelle idiote. Elle alla le chercher.

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Alors qu'elle essayait, dans une tentative désespérée, de récupérer son arme, la jeune Liz fut devancée par Alec. Celui-ci lui tournait autour, tel un félin, prêt à bondir sur elle, une proie impuissante. Enfin presque. « Je t’assure que tu n’as pas besoin de ça. Tu assures très bien sans ces accessoires moyenâgeux. » dit-il en s'approchant un peu plus de la Tueuse. Celle-ci ne pouvait réprimer son dégoût pour la créature qui se rapprochait toujours un peu plus d'elle. « Tu es sûr ? Si tu y tiens tellement, on peut le mettre dans ton coeur, ça sera sympa pour la déco ! » répliqua-t-elle. Elle posa les mains sur ses hanches, et souffla un instant, assez court pour ne pas laisser en profiter son adversaire. Puis, dans un sourire, elle se jeta sur le vampire, lui tordit le bras et le jeta à terre. La jeune fille se positionna juste au-dessus d'Alec, afin de ne pas le laisser s'échapper. Bien que cette position soit gênante, la jeune fille ne voyait pas d'autre moyen de l'occuper en attendant de trouver un moyen de le faire partir en poussière. Son pieu se trouvait trop loin pour qu'elle l'atteigne simplement en tendant le bras. Liz s'éloigna à quatre pattes chercher son arme, dos à Alec. Enfin, elle sentit le bois dans sa main, et fut rassurée. « AH ! » fit la jeune femme. « Tu vas moins faire le malin, maintenant. »
un sourire se devinait clairement sur le visage pâle de la Tueuse.

Le vampire se leva et fit face à la jeune Tueuse. « On ne balaie pas la cendre du vampire avant de l’avoir planté ! » répliqua-t-il avec amusement. Liz tira une langue rose. « Aucune éducation c’est à croire que ta mère ne t’as rien appris ! » ajouta Alec. « Je t'interdis de parler de ma mère, espèce de... » La jolie Elizabeth n'avait qu'une envie: se jeter sur le vampire et lui planter son pieu pour de bon. Il ne devait pas savoir qu'elle avait deux mères, encore moins que toutes deux étaient mortes. Cette allusion à sa famille avait rappelé à Liz des moments. Des moments remplis de tristesse comme de joie. Elle se souvenait de celle qui l'avait mise au monde comme une femme forte qui n'avait pas eu de chance. A cause de sa fille, elle avait été trop faible. Et elle n'était devenue qu'un fragment de mémoire, une photographie dans un cadre de bois. Son autre mère, une sorcière accomplie, avait survécu plus longtemps. La chevelure rousse de Willow Rosenberg était pour Liz un symbole de bonheur et de joie, du moins quand elle était jeune. Maintenant, Liz pensait à sa jolie rouquine de mère avec peine, avec colère. Car elle avait été tuée, par un vampire. Tout comme Kennedy. Liz revint à l'instant présent, les poings serrés. Le vampire, lui, se chargeait d'épousseter ses vêtements négligemment, comme si c'était trop facile. Comme si elle n'était qu'un jouet. Liz frémit. « Oh, tu vas voir, espèce de sale créature des ténèbres de mon oeil ! » Une nouvelle fois, elle se jeta sur lui avec fureur, lui balançant à l'occasion un coup de pied bien placé. Ils tombèrent tous deux à terre.

Alors que la Tueuse s'était jetée sur le vampire, celui-ci roula sous le côté, laissant Liz à sa merci, sous lui. Elle se débattait en tout sens, tentant de se relever. Alec n'avait qu'à baisser la tête pour goûter son sang. La jeune femme frissonnait de terreur. « Sale créature des ténèbres de mon œil. Ca c’est de la répartie. Je crois que je n’ai jamais été aussi effrayé qu’à présent. Je t’en félicite. Mais comme j’ai gagné je viens prendre mon du. ». Tandis qu'il se baissait sur sa gorge, elle se débattait vainement. Se sachant impuissante, elle ferma les yeux, peureuse. Les crocs s'enfoncèrent doucement dans son cou pâle. Des larmes cristallines coulaient le long de ses joues. Après les premières secondes, Liz ne sentit plus la douleur. Elle pouvait sentir qu'Alec aimait son sang. Son visage se fendit d'une grimace de dégoût. Elle aurait désiré le repousser, mais il maintenait prise. Alors qu'elle était au bord de l'évanouissement, les crocs se retirèrent de sa gorge. De suite, elle posa la main sur les deux trous, haletante. « Alors ? T’as trouvé ça comment ? Avoues tu as adoré ! En tout cas si je peux me permettre un compliment ton sang est délicieux, ni trop amer, ni trop sucré. » dit le vampire. Liz lui lança un regard noir. « Je vais te tuer. » répondit-elle. La Tueuse se releva et, oubliant sa douleur, le fit tomber et mit son pieu près de son coeur, tremblante. La jeune fille se sentait trop mal, elle lâcha le pieu. Elle allait s'évanouir, mais si cela arrivait, il en profiterait pour achever son travail...

Il lui tordit la main, et lui fit lâcher le pieu en bois qu'elle tenait. « Non tu ne vas pas me tuer, petite, tu t’ennuierais trop sans moi. » affirma le vampire. Il termina sa phrase en l'embrassant par surprise, sauvagement. Elle sentait le goût de son propre sang tandis qu'il jouait avec ses lèvres, sa langue. Le dégoût s'inscrivit sur le visage de la Tueuse. Il la repoussa avec violente, brisant l'étreinte. Elle se laissa tomber deux ou trois mètres plus loin. Là, c'en était trop. Le dégoût et la colère se mêlaient à une rage indescriptible et une fatigue malencontreuse. « Un conseil ne joue pas trop avec le feu, tu vas te bruler. Utilises plutôt ton temps à des occupations de ton âge : des pyjamas party avec tes copines par exemple. Tu vivras plus longtemps et au final tu me remercieras. Je te promet d’attendre de longues années avant de te tuer, et qui sait si tu es sage ce sera rapide et sans douleur. ». lui dit-il. « Plutôt mourir que de recevoir un autre baiser. » Elle s'essuya la bouche. Elle aimerait le voir brûler à la lueur du jour, lentement. Même la pire des tortures n'était rien face à ce baiser qu'elle préférait oublier.

Alec était visiblement satisfait de son geste. « Est-ce une demande ? Souhaites tu mourir plus vite ? » Lui demanda-t-il en entendant Liz. « Je me porte volontaire pour t’aider si tel est ton désir. » continua-t-il, très intéressé. Il fixa la jeune tueuse, amusé par sa conduite. « Je pensais plutôt te laisser la vie sauve, puis te retrouver pour avoir la chance de gouter une fois encore à ton sang si précieux. J’en ferais même un plaisir quotidien. Mais bon l’expérience m’a appris qu’il ne faut pas abuser des bonnes choses dans la vie… ». Elizabeth lui répliqua aussitôt, plus simplement « Va te faire foutre. » Si elle ne venait pas d'avoir subi une morsure et un choc terrible, sans doute l'aurait-elle tué sans problème, avec une rapidité remarquable. Elle ramassa ses cheveux bruns en queue-de-cheval haute - par un heureux hasard, elle avait un élastique sur son poignet - et s'épousseta les vêtements. Cela devait faire dix ou vingt minutes qu'Alec l'avait mordue. Les forces lui revenaient très lentement, mais elle se sentait déjà moins vulnérable.

Le vampire ne cessait de se moquer d'elle. « Je suis choquée de tant de vulgarité de la part d’une aussi jolie jeune fille. On ne t’as pas appris à parler poliment ? A employer un langage correct ? Et surtout qui t’as enseigné des mots si vilains ? » demanda-t-il. La réaction de la jeune Tueuse ne se fit pas attendre, elle partit au quart de tour. « Je t'interdis de me parler comme ça, enfoiré. » répliqua-t-elle, en pensant uniquement au "jolie jeune fille" qu'Alec avait prononcé. Liz détestait quand les vampires jouaient avec elle, qu'ils essayaient de parler comme les ivrognes du bar qui lui faisaient des avances dégoûtantes. Alors qu'elle rattachait ses cheveux, il la fixa intensément, perdu dans ses pensées. Ce geste perturba Liz. Il fit semblant de bailler. « Dis moi tu en as encore pour longtemps ? Je m’ennuie là ! » dit-il de son ton moqueur si familier à Liz. Après tant de combats, la façon de parler de ce vampire ne lui était plus inconnue. La Tueuse sourit. Elle croisa les bras. « Je n'aime pas avoir mes cheveux dans mes yeux lorsque je tue une chose comme toi. » Elle comptait lui offrir une belle croisière en Enfer. Elle prit son pieu, tombé au sol, et balança un enchaînement de coups de pieds et de poings au vampire, espérant prendre le dessus rapidement.